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Cérémonie des vœux 2024

Cérémonie des Vœux 2024 – Seine-Saint-Denis habitat – 31 janvier 2024

Discours de Mathieu MONOT – Président de Seine-Saint-Denis habitat

Seul le prononcé fait foi

« Mesdames, Messieurs,

Chers collaborateurs,

J’ai cette année la lourde tâche – et l’honneur – d’ouvrir cette cérémonie des vœux 2024.

C’est avec un réel plaisir que je le fais et c’est avec une grande fierté que je me retrouve aujourd’hui devant vous. Devant cette pluralité de visages, de parcours, de métiers, au service d’une cause noble et juste, celle de loger les plus humbles de nos concitoyens.

Si au cours de l’année j’ai l’occasion de vous rencontrer en agence, au siège ou lors des visites sur le patrimoine, les vœux sont le seul moment où j’ai la chance de tous vous retrouver. Je tiens donc beaucoup à ce rendez-vous annuel, que je souhaite tout à la fois institutionnel et convivial.

 Avant de pouvoir aborder l’avenir et l’année qui nous attend il me parait essentiel de revenir sur l’année qui vient de s’écouler.

Si l’on regarde les choses dans leur ensemble, au-delà de notre office et de notre département, il est incontestable que la situation s’est dégradée en un an, en France mais aussi plus largement dans le monde.

A l’échelle nationale, 2023 a été l’année de la casse sociale par l’Etat avec la réforme des retraites et le vote d’une loi indigne de la République ayant pour objectif de stigmatiser les étrangers.

C’est aussi l’année des émeutes de juin déclenchées à la suite du tragique et injuste décès de ce jeune homme de 17 ans qui s’appelait Nahel. Ces émeutes ont touché durement notre département et certaines de nos résidences. Je sais l’impact qu’elles ont pu avoir sur votre travail, en particulier ceux qui se sont retrouvés en première ligne.

A l’échelle internationale, 2023 est l’année où la guerre s’est enlisée en Ukraine et où le conflit israélo-palestinien s’est transformé en guerre suite à la perpétration d’un attentat d’une insoutenable horreur en Israël. Une guerre devenue une tragédie humanitaire pour la bande de Gaza.

Et puis, 2023 c’est aussi l’année qui a vu l’inflation s’installer durablement : énergie, alimentation. Rien ne nous a été épargné. Je sais que cette inflation est venue vous toucher de plein fouet, tout comme elle a ébranlé les finances de l’office.

Je laisserai le soin au Directeur général de revenir sur cette question du pouvoir d’achat.

En 2023 la situation du logement social s’est dégradée, et en particulier pour un office HLM comme le nôtre qui loge les plus pauvres du département le plus pauvre de France métropolitaine.

2023 a été une année noire pour le logement.

En juillet 2017 on nous promettait, au plus haut niveau de l’Etat, qu’il n’y aurait plus personne à la rue d’ici la fin de l’année.

Nous sommes en 2024 et il y a moins d’une semaine était organisée la nuit de la solidarité dans de nombreuses villes de Seine-Saint-Denis et plus largement dans de très nombreuses villes de France. La nuit de la solidarité c’est une nuit où des bénévoles, les agents du service public et des partenaires institutionnels et associatifs arpentent les rues des villes pour aller à la rencontre des personnes sans-abris et dresser un état des lieux de la situation.

Nous ne connaissons pas encore les chiffres de 2024 mais je peux vous rappeler ceux de 2023 qui faisaient état de près de 3700 personnes à la rue rien qu’à Paris et dans 27 villes de la Métropole du Grand Paris qui avaient participé. Des chiffres en forte augmentation par rapport à 2022. Et au regard de la crise du logement, nous ne pouvons que craindre que cette augmentation se confirme en 2024.

Et dans ces personnes, il y a des familles, et donc aussi des enfants qui dorment dans la rue. Ce n’est pas digne.

Demain, le 1er février l’appel de l’Abbé Pierre aura 70ans et pourtant les mots alors utilisés paraissent encore d’actualité.

70 ans plus tard, on dénombre toujours 12 700 sans-abris et 150 000 sans domicile fixe en France été comme hiver.  Le mal logement pullule partout sur le territoire et particulièrement en Ile-de-France.

  • Est-il normal d’être salarié et de dormir dans sa voiture ou au camping ?
  • Est-il normal que des jeunes de 18 ans à peine, sans papier, payent 25 euros par jour pour dormir dans une voiture garée dans un parking à tour de rôle ?

Face à cette indignité, les bailleurs sociaux sont le dernier refuge. Mais sans cesse le logement social est attaqué et stigmatisé.

Le logement social et ses locataires sont en permanence stigmatisés, alors que le logement social est censé être ce bien commun vecteur de dignité, d’égalité et d’émancipation.

Le logement social est attaqué, par l’Etat lui-même qui a exigé des bailleurs sociaux, depuis 2018, d’être des contributeurs nets au budget de l’Etat. On marche sur la tête.

Résultat ? La pire crise du logement depuis 30 ans.

Le nombre de logements neufs est en chute libre. Il y a eu moins d’agréments pour des logements sociaux en 2023 qu’il n’y en avait eu en 2020 l’année du covid !

Une politique ambitieuse du logement est réclamée par les acteurs du secteur, mais aucun ministre n’a été nommé à ce poste, c’est vous dire l’intérêt de ce gouvernement à résoudre cette crise !

A croire que le premier bien de nécessité, celui d’avoir un toit, serait devenu accessoire.

Alors non, quand on sait que c’est le premier poste de dépenses contraintes des français, on ne peut pas traiter à la légère cette question.

Non, quand on parle d’un bien aussi essentiel on ne peut pas compter sur l’autorégulation du marché ou sur le « choc de l’offre ».

Non, on ne peut pas laisser aux financiers le loisir de spéculer sur nos toits, c’est-à-dire sur nos vies.

Je souhaiterais emprunter une formule du Président du département, Stéphane TROUSSEL, qui dit fort justement que « notre territoire de Seine-Saint-Denis ne demande pas l’aumône juste de l’égalité ».

Il en va de même pour le logement social, nous ne demandons pas l’aumône mais du bon sens. Il est temps de déterminer une politique ambitieuse afin de redonner du souffle aux bailleurs et de faire respecter les lois qui existent.

Je pense notamment au respect de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain), et à l’encadrement des loyers. Car si tout le monde prenait sa part comme le prévoit la loi nous pourrions ressortir la tête de l’eau en Ile-de-France.

Il est temps de rétablir le niveau des APL, de mettre un terme à la RLS et de réduire la TVA sur l’ensemble de la production sociale.

Récemment le maire de Saint-Denis, Mathieu HANOTIN a proposé la rédaction d’une loi SHU :  Solidarité Hébergement Urgence, pour faire face à la très grande précarité et mettre enfin un terme à ces images d’inhumanité. Notre département est un espace urbain périphérique qui concentre beaucoup d’inégalités sociales. Si on ajoute de la misère à la pauvreté, il ne peut pas y avoir de perspectives, seulement des drames humains.

Il faut penser des réponses structurelles qui vont au-delà de l’urgence et cette loi permettrait un meilleur partage de la solidarité, avec des obligations et des amendes pour celles et ceux qui ne respecteraient pas cette responsabilité collective.

Toutes ces mesures de bons sens, les acteurs du logement social ne cessent de les marteler auprès de l’Etat. La fédération des HLM a été une force de propositions importante au cours du Conseil national de la refondation, proposé par Emmanuel Macron, sur logement. Que reste-t-il de toutes ces propositions et ces heures de travail ? Rien.

Pas de cap, pas de vision pour le logement.

Vous avez peut-être l’impression que je m’écarte du sujet qui nous réunit aujourd’hui, rassurez-vous il n’en est rien.

Si je tenais à aborder toutes ces questions difficiles, c’est pour vous rappeler l’importance de votre travail.

En tant qu’employés d’un bailleur social, et d’autant plus de Seine-Saint-Denis Habitat, vous contribuez chaque jour à la production d’intérêt général pour le bien commun.

Que vous soyez gardien, technicien, responsable de site, chargé des impayés, assistante, chargé de suivi social, chef de projet, chargé d’opération et de réhabilitation, gestionnaire comptabilité, CDSU … –  il y a une trop grande diversité de métiers au sein de notre office pour citer tout le monde – mais ce qui est certain c’est que chacune et chacun a un rôle à jouer.

Je sais que l’on peut parfois se sentir épuisé, avoir envie de baisser les bras face à l’ampleur de la tâche. Et pourtant vous l’avez prouvé encore une fois en 2023, vous êtes un collectif avec une capacité de résilience importante.

Vous répondez présents au quotidien, dans l’accompagnement social des locataires.

Vous répondez présents dans l’entretien du patrimoine et la gestion des résidences.

Vous répondez présents dans la prise en charge des réclamations des locataires que ce soit en agence à l’ERL ou au CRL.

Vous avez répondu présents lors des épreuves que nous pouvons traverser. Je pense notamment aux émeutes pendant lesquelles vous avez été présents pour garantir la sécurité de nos résidences et la remise en état. 

Enfin, vous avez répondu présents lors du terrible incendie qui a ravagé plusieurs appartements en août dans la résidence Thorez sur L’Ile-Saint-Denis et qui a causé la mort de trois personnes. J’ai alors pu constater la force de notre collectif et j’en ai été particulièrement impressionné.

Chacune et chacun a su faire face à la situation avec réactivité et professionnalisme. Je n’avais pas eu l’occasion encore de le faire face à vous, uniquement en Conseil d’Administration, alors je tenais à le redire aujourd’hui : merci pour votre mobilisation et votre travail acharné.

C’est de la même énergie dont nous devons faire preuve pour nous améliorer et faire vivre le logement social le plus dignement possible.

Rien ne nous assure que 2024 sera une meilleure année que celle écoulée, et pourtant je veux y croire. Je veux être optimiste car de beaux défis nous attendent et je suis certains qu’ils peuvent être une aubaine pour notre territoire et notre office.

Nous le savons, la crise du logement va s’accentuer, c’est mécanique. A nous, bailleur, de maintenir le cap de l’ambition solidaire et de la construction collective qui forge notre ADN.

Aux côtés des élus et acteurs de terrains nous devons poursuivre notre travail pour la rénovation de nos quartiers, car nous sommes un aménageur incontournable et que le territoire a plus que jamais besoin de cette rénovation urbaine. A ceux qui pensent que nos quartiers ne le mériteraient pas, démontrons-leur qu’ils se trompent.

Ce renouvellement urbain ne peut se faire sans prise en compte de la transition écologique. Je sais notre office déjà engagé sur la voie de la transformation du parc et l’adaptation au changement climatique des bâtiments. En 2024 nous devons poursuivre notre effort mais aussi adapter nos pratiques, nos façons de construire et même de gérer notre patrimoine.

2024 doit être une année pour améliorer la situation financière de l’office en fixant des objectifs clairs et atteignables :

  • Réduire la vacances et l’impayé
  • Mieux maîtriser nos dépenses
  • Aller chercher les financements extérieurs.

2024 sera l’année des Jeux Olympiques. Je mesure que l’organisation de cet évènement international peut susciter quelques inquiétudes, mais je veux davantage y voir une chance pour notre territoire. Notre département monde va accueillir le monde. 

Faisons donc de 2024 une année, une fois de plus, utile pour le logement social en Seine-Saint-Denis ! Je vous souhaite à toutes et tous une très bonne année et j’espère avoir le plaisir de vous croiser sur le terrain dans les mois à venir.

Mais avant de pleinement profiter de 2024, et comme nous l’a annoncé Charlotte FLORES, je vous propose que nous regardions ensemble la rétrospective 2023 concoctée par les équipes de la communication et Saïd Chemane le réalisateur.

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