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Cérémonie des vœux du PS93 : Bonne année… de combats !

La cérémonie des vœux de la fédération socialiste de la Seine-Saint-Denis a eu lieu le 19 janvier au Pré-Saint-Gervais. A cette occasion, en tant que Premier secrétaire fédéral, j’ai prononcé un discours que vous pouvez retrouver ici :

Chers camarades,

Quel plaisir de vous retrouver aujourd’hui, en ce début d’année 2025 !

Quel plaisir de vous souhaiter une belle et heureuse année, une année que nous espérons marquée par la concrétisation de nos projets, l’accomplissement de nos idéaux et, surtout, par nos victoires collectives !

Quel plaisir de vous retrouver aujourd’hui au Pré Saint-Gervais, cette terre de combats et d’espoirs. Cette ville et son maire qui montrent que l’intransigeance n’est pas une posture mais une ardente volonté d’agir. Merci à toi, Laurent, pour ton accueil toujours aussi chaleureux… et un salut amical à Stéphane Commun, le secrétaire de section, et à l’ensemble des camarades gervaisiens.

 Chers camarades,

Cette année, pour introduire mon propos, permettez-moi de vous livrer quelques secrets de fabrication…

Chaque année, fin novembre, nous nous interrogerons sur l’organisation des vœux de la fédération…

Le buffet ? L’affaire est vite réglée… Nous faisons appel, depuis plusieurs années, aux Cheffes dont vous apprécierez dans un instant la qualité des mets. Et cela me permet de saluer Hawa, Léa et leur équipe… et de les remercier chaleureusement !

La date ? Là encore, simple comme un coup de téléphone ! On essaye de s’entendre avec Stéphane Troussel, notre président de département, auquel j’adresse un clin d’œil amical. Stéphane aime bien organiser ses vœux le 3ème ou le 4ème dimanche de janvier… Cette année, nous avons le 3ème, il a le 4ème et je ne peux que vous inviter à vous rendre dimanche prochain à La Courneuve à 11h, au gymnase El Ouafi.

Non, ce qui nous prend le plus de temps, c’est la réflexion autour du message politique que nous souhaitons délivrer…

Les plus attentifs d’entre vous l’auront sans doute remarqué – c’est un peu notre marque de fabrique –, nous établissons chaque année un lien entre l’année nouvelle et l’Histoire du Parti socialiste.

Pour 2025 – et, par conséquent, avec des années « en 5 » – nous avions essentiellement le choix entre des Congrès. Cela tombe plutôt bien… puisqu’on nous en annonce un prochainement.

Ma mitterrandolâtrie – que je sais partagée dans cette salle – m’a d’abord conduit à regarder le congrès de Toulouse, de 1985, et d’en relire les débats.

En consultant notamment la motion de synthèse de l’époque – et oui, ce mal de la synthèse nous guettait déjà –, le propos me semblait trop éloigné de nos débats contemporains. Je cite :

« Si le P.S. n’avait pas assez de sièges ni assez d’alliés pour gouverner sur ses propositions, à partir de ses valeurs, sur une politique de gauche, il serait dans l’opposition. »

Certains esprits taquins diraient que la leçon toulousaine aurait pu avoir ses vertus, à l’aune de la semaine que nous venons de vivre… Mais rappelez-vous que les vœux de la fédération se préparent en novembre. Et nous venions de censurer, avec le reste de la gauche, Michel Barnier.

Nous nous sommes ainsi tournés vers le congrès de 1905… le congrès du Globe, appelé aussi congrès de l’unité… Il marque non seulement la création de la SFIO – et par extension la naissance du Parti socialiste tel que nous le connaissons… mais également le rassemblement des divers courants socialistes de l’époque, dont la virulence des débats étaient, si vous me le permettez, légèrement plus doctrinaires que nos pseudo controverses actuelles.

Rendre hommage à nos aînés, fêter d’une certaine manière 120 ans de socialisme et sacraliser « l’unité pour gagner »… Le message politique de la fédération était tout trouvé.

Je vous l’ai d’ailleurs écrit sur le carton d’invitation pour vous retrouver ce midi : « depuis 120 ans, nous n’avons rien de plus précieux que l’unité des socialistes et le rassemblement de la gauche pour gagner, pour changer et pour gouverner. A nous, en 2025, de poursuivre sur ce chemin avec nos exigences, avec nos convictions. »

Je n’en retire, pas un mot, pas une lettre. Mais je n’imaginais pas, en écrivant ces lignes, me retrouver devant vous quelques jours après que le Parti socialiste ait décidé de quitter les rives du rassemblement de la gauche… en refusant de censurer la droite gouvernementale.

 Chers camarades,

Nous pouvons avoir le débat. Nous l’aurons, c’est certain.

C’est d’ailleurs la force de notre organisation politique qui, contrairement à d’autres, accepte la dispute, sans excommunier.

Pour moi, la censure, c’était le choix de la combativité et de la cohérence.

Il fallait une censure d’étape qui marque clairement qu’en matière budgétaire, le compte n’y était pas.

Il fallait une censure de gauche pour dire fermement qu’on n’accepte pas la nomination au ministère de l’intérieur d’un type qui considère que certains de nos concitoyens « régressent vers leur origine ethnique ».

Oui, il fallait une censure pour la simple et bonne raison que notre ligne rouge sur les retraites n’a pas été entendue… et nous le savons, en Seine-Saint-Denis sûrement plus qu’ailleurs, travailler deux ans de plus c’est vivre moins longtemps en bonne santé.

Communistes et écologistes – qui ont participé aux mêmes discussions gouvernementales que nous – l’ont bien compris. Je regrette que notre organisation n’ait pas eu cette cohérence.

Heureusement, certaines voix nous permettent encore d’espérer…  à tout du moins, de ne pas totalement désespérer.

Celles-ci ont compris que les seules alliances que nous devons passer sont avec nos consciences.

Et force est de constater que dans le 93, nous avons une conscience de gauche… et, tout aussi important, à mes yeux, conscience de la gauche.

Et je veux vous dire la fierté qui est la mienne d’avoir pour députée socialiste, dans ce département, Fatiha Keloua Hachi… qui, fait partie des 8 socialistes à avoir voté la censure ce jeudi.

 Chers camarades,

J’entends les « victoires » que nous aurions apporté aux Français.

J’aimerais qu’elles soient réelles. Malheureusement, j’en doute.

Prenons un exemple : l’abandon du passage de un à trois jours de carence en cas d’arrêt-maladie dans la fonction publique.

Corinne et Adel, que je salue, pourront le confirmer. Le gouvernement compte maintenir la baisse (de 100% à 90%) du « taux de remplacement » de rémunération des agents publics durant leurs arrêts maladie de courte durée… et il vient de déposer un amendement en ce sens dans le cadre de l’examen du PLF au Sénat.

Ce projet – imaginé en son temps par la sémillant Kasbarian – dégagerait davantage d’économie (900 millions) que les 3 jours de carence (289 millions).

Peut-on ainsi parler d’une victoire lorsque le Premier ministre abandonne le passage à 3 jours de carence pour le remplacer par un tel mécano ?

Arrêtons de nous draper de « responsabilités » en cherchant des compromis qui sonneront, à terme, comme des compromissions.

Si nous en restons là, nous trahirons.

Et je vous le dis très tranquillement, nous n’avons pas passé 8 années à travailler pour sortir du marasme, retrouver une place au cœur de la gauche et une certaine dignité… et tout gâcher pour soutenir… François Bayrou !

 A ceux qui envisagent des alliances « de responsabilité » avec la droite, je leur demande : « mais en quelle année êtes-vous ? »

En 2017 ou en 2024 ?

Car ce piège nous a déjà été tendu et certains des nôtres sont déjà tombés dedans… et ils ne peuvent aujourd’hui se revendiquer ni des socialistes, ni de la gauche. 

Si nous voulons faire preuve de responsabilités, saisissons la seule qui nous incombe aujourd’hui : celle de combattre l’extrême-droite.

Le RN ne frappe plus à la porte du pouvoir. Ils ont déjà la main sur la poignée et la porte est entre-ouverte.

Pour lutter efficacement, je ne connais qu’un seul chemin : celui de recréer un véritable clivage gauche/droite… Tant que régnera la confusion, l’extrême-droite progressera. Nous devons mettre fin à l’impossible alternance dans laquelle les néolibéraux nous ont plongés depuis 2017.

Certains vous diront que c’est un chemin aventureux… et que le rassemblement de toute la gauche est l’assurance d’une victoire de l’extrême-droite.

Ceux-là, sont membres d’un club, que dis-je, d’une organisation : « le cercle de la raison »… Ils parlent, pérorent et sont bien au chaud dans leur petit confort libéral.

Vous les connaissez forcément. Vous savez, ils commencent toutes leurs phrase par : « en tant qu’homme ou femme de gauche » avec la variante — très populaire sur Cnews — « moi qui viens de la gauche »… marquant par là le fait que s’ils en viennent, ils n’en sont plus.

Pour eux, il serait mieux que la gauche ne le soit pas de trop… et que les socialistes ne le soient encore moins. Et ils ont une obsession : la France insoumise.

A les entendre, dès lors que nous avons le verbe haut… dès lors que nous usons de mots un peu datés et pourtant si actuels (classes sociales, redistribution des richesses, …), nous serions « soumis », « inféodés », « mélenchonisés ».

Mais contrairement à ce qu’ils pensent, les « mélenchonisés », ce sont eux… eux, qui réfléchissent d’abord à ce que pense Jean-Luc Mélenchon avant de prendre une décision.  

Je vous le dis, je n’ai pas besoin de consulter mon « baromètre insoumis » pour savoir comment je m’habille le matin.  

C’est en socialiste que je me détermine sur ce qu’est pour moi l’intérêt des Français et du pays. Je ne cherche à être ni une copie, ni un négatif.

En revanche, avec eux, j’ai un petit problème. 

Car même s’ils « en viennent », comme ils disent, les membres de ce « cercle de la raison » ne font plus le pari de la gauche.

Ils ont déjà capitulé.

Pour eux – et parce qu’ils ne contemplent que l’élection présentielle –, ils anticipent déjà qu’il n’y aura qu’une place à prendre au second tour, l’autre étant d’ores et déjà prise par le RN.

Alors, la concurrence est à gauche, l’ennemi dont il faut absolument se démarquer est à gauche, quitte à trahir.

Et demain, à la gauche, ils préféreront Gabriel Attal ou Edouard Philippe… théorisant notre défaite face à l’extrême-droite.

C’est pour cela, camarades, qu’il faut que nous soyons unis et avancions ensemble dans la même direction. Les socialistes, bien sûr. Mais aussi et surtout toute la gauche, les écologistes… en somme, le Nouveau Font Populaire, dont nous sommes les dépositaires.

Si nous ne le faisons pas, alors l’extrême droite prendra, elle, le pouvoir, et je peux vous assurer que le vernis craquera très vite et qu’en plus d’un libéralisme patenté, ce sera un régime de ségrégation sociale et ethnique qui se mettra en place.

Et si cela devait arriver, demandez-vous dès aujourd’hui à qui vous ferez confiance pour les combattre : ceux qui les ont amenés au pouvoir ou ceux qui les ont toujours combattus ?

 Après chacun le sait. Chacun le vit dans sa ville, et de quoi il en retourne d’où je vous parle…

Le rassemblement de toute la gauche et des écologistes n’est pas un long fleuve tranquille… C’est bien le moins que l’on puisse dire. Mais nous n’avons rien de plus précieux.

Bien sûr, il y a des entraves. Bien sûr, se dressent des obstacles.

Evidemment, certains sont bruyants, parfois agaçants, souvent outrageants… ils ont du mal avec la contradiction…

Mais ils s’y habitueront.

Ils s’y habitueront, car ils comprendront que notre pays et nos compatriotes sont deux causes qui valent qu’on se rassemble… qu’on se transcende.  

Ce rassemblement, nous le devons aux Français, et singulièrement aux plus fragiles, à ceux qui souffrent des inégalités sociales, environnementales, éducatives, territoriales. A ceux qui voient un nouveau monde émerger, sans savoir s’ils y auront une place, un rôle, une dignité.

 Chers camarades,

De nouvelles batailles arrivent en 2026, et peut-être même en 2025.

Ces élections doivent être des élections de conquête, parfois même – et nos voisins parisiens le savent bien – ce seront des élections de renouvellement.

Le renouvellement des visages, c’est forcément quelque-chose auquel on est sensible lorsqu’il nous revient d’animer un collectif de femmes et d’hommes talentueux comme le nôtre.  

Alors il nous faut être prêts, camarades.

Il nous faut serrer les coudes, tenir la ligne et se souvenir d’où l’on vient, partout, tout le temps.

Être socialiste en 2025, c’est se souvenir que la condition est sociale, le combat reste social parce que la victoire sera sociale.

Être socialiste en 2025, c’est savoir que nous sommes minoritaires dans un monde ou la droite extrême et l’extrême-droite sont aux commandes aux États Unis, en Russie, en Inde, en Italie, en Hongrie, en Slovaquie, bientôt en Autriche, peut-être au Canada…mais surtout que les prétendus isolationnistes américains soutiennent financièrement cette option au Royaume-Uni, en Allemagne et partout où ils le pourront. Je ne cite pas la Chine dans cette mouvance bien que, au fond, ils en sont tout aussi proche. Le monde a toutes les raisons de nous faire peur. Et cela doit nous donner encore plus de raison de nous engager à gauche ! On ne peut pas laisser des Poutine, des Trump, des Farage, des Meloni proliférer, grandir et rester indifférents. 

Oui, être socialiste en 2025, c’est être internationaliste. Cela n’a rien d’un gros mot mais tout d’un combat d’avenir. La bataille est politique et donc culturelle, et il nous revient, avec nos camarades un peu partout dans le monde, de la mener encore et encore, car nos renoncements sont leurs victoires.

Être socialiste en 2025, c’est aussi proposer un projet de société, un projet de rupture avec l’ordre établi… qui porte l’espérance de ceux qui ont été trop longtemps oubliés.

Etre socialiste en 2025, c’est comprendre que l’économie est au service du politique et non l’inverse.

Oui… Être socialiste en 2025, c’est prendre la mesure de ce qui se passe autour de nous : des jeunes qui n’ont plus d’espoir dans le futur, des familles qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois, des retraités qui se battent pour une pension décente, des travailleurs qui sont mis sous pression chaque jour un peu plus.

Notre rôle, c’est d’être à leurs côtés. Leur voix doit être la nôtre. Leur combat doit être le nôtre.

C’est l’honneur de la politique. 

C’est la responsabilité des socialistes. 

C’est la promesse d’un autre avenir.

Comme l’écrivait Victor Hugo écrivait « ceux qui vivent sont ceux qui luttent »… 

Oui, camarades : vivons !

Vivons pleinement 2025 !

Belle et heureuse année à tous !