Le Parti Socialiste doit s’interroger sur ce qu’il est devenu lorsqu’il se laisse abuser par un Président de la République et son Premier ministre qui confondent service de l’État et culte du marché. En livrant la République au libéralisme, ils la mettent depuis huit ans à genoux.
Que nous promet-on aujourd’hui ? Une trêve éphémère sur les retraites, un serment fragile de ne pas brandir le 49.3, quelques miettes grappillées aux fortunes indécentes. Et pourtant, le cœur du pouvoir reste libéral, son budget de droite, son souffle réactionnaire.
Car ne nous y trompons pas : la soi-disant suspension de la réforme des retraites n’est qu’une entourloupe, un tour de passe-passe budgétaire logé dans un amendement du PLFSS. Pour l’obtenir, il faudra demain voter un projet de loi de finance qui – compte tenu de la composition du Parlement – penchera mécaniquement et irrémédiablement à droite. Car les mêmes veulent continuer à faire payer aux travailleurs l’indécence des puissants. C’est une fausse pause, un répit trompeur, un piège tendu à ceux qui croient encore à la négociation.
On nous rétorquera : « si c’est cela, nous censurerons ! » Nous répondons qu’il aurait fallu le faire ce jour, pour rester là d’où nous ne devrions jamais nous éloigner : au cœur de la gauche.
Pire, en refusant de censurer ce gouvernement, nous cautionnons une connivence idéologique entre gauche et droite, une culture d’accommodement qui prépare le terrain du pire. Car c’est bien là le drame de la social-démocratie européenne : partout où elle plie, l’extrême droite avance. Le libéralisme n’est pas un remède, c’est une pente fatale.
Quel étrange choix faisons-nous, sinon celui de tendre la main à nos adversaires et de tourner le dos à nos alliés ? Non, nous ne prêchons pas le grand soir, mais nous refusons les petits renoncements. Car les compromissions minuscules finissent toujours par éteindre les grandes espérances.
Si nous voulons redonner un sens au clivage entre la gauche et la droite, alors assumons d’être de gauche, pleinement. Laissons le gouvernement être de droite, sans honte ni confusion. Et nous, soyons socialistes — non par nostalgie, mais par conviction que la justice, la dignité et le collectif valent mieux que tous les arrangements du monde.
Et qu’on le sache : en Seine-Saint-Denis, on ne cède rien. Ici, la gauche ne s’incline pas, elle se tient debout. Je suis fier d’avoir comme députée Fatiha Keloua Hachi, socialiste fidèle et courageuse, qui a voté la censure avec constance et honneur.
Désormais, un nouveau combat parlementaire s’ouvre. Nul doute qu’il y aura des voix comme celle de Fatiha et celles de nos camarades d’Avenir socialiste pour servir d’aiguillon mais aussi d’avant garde au Parti socialiste.

